Bonjour à tous ! Cette semaine on va s’intéresser aux 11 principes de l’accelerative learning listés par Bernard Lamailloux dans son livre Construire et animer une session de formation.
La semaine dernière, nous avons vu que l’accelerative learning faisait partie des pédagogies décalées. Cette approche cherche, avant tout apprentissage, à éliminer les croyances limitantes des apprenants.
Aujourd’hui, on va détailler un peu plus les principes de cette démarche pédagogique, et réfléchir à leur application en formation.
Principe n°1 : nous avons tous des capacités spectaculaires
Est-ce que vous avez déjà admiré quelqu’un pour ses capacités spectaculaires ? Par exemple un virtuose du piano, un sportif de haut niveau, ou tout simplement un collègue ayant une bonne mémoire ?
J’ai une bonne nouvelle pour vous : vous avez aussi la capacité, en vous, de faire ces choses. Vous n’êtes peut-être pas capable maintenant de les faire, mais si vous voulez vous améliorer dans un domaine, c’est possible !
Pour y arriver, il faut deux éléments :
- s’entraîner, pratiquer, encore et encore. C’est en répétant une tâche que vous vous améliorerez.
- croire en vous : c’est souvent sur le long terme que vous verrez les progrès, alors ne doutez pas de vous si vous n’êtes pas capable de courir le marathon après deux semaines d’entraînement
En formation, il est donc très important de montrer aux apprenants qu’ils sont capables d’y arriver, afin qu’eux aussi puissent y croire.
Principe n°2 : tout ce qui ne fait pas sens « ressort par l’autre oreille »
Lors d’une pause pendant une formation en bureautique, une apprenante m’avouait : « J’ai du mal avec les maths, j’ai toujours eu du mal à comprendre à quoi ça servait. »
Lors de cette discussion, ce qui ressortait, c’était le manque de sens de cet apprentissage. À quoi peut servir le fait de savoir calculer l’aire d’un triangle par exemple ? Quand je lui ai proposé l’idée de calculer la surface au sol qu’il fallait pour avoir la place de construire une pyramide, son visage s’est éclairé, et elle avait envie de calculer cette aire.
Pour qu’un apprenant assimile des apprentissages, il faut que ça ait du sens. Pour certains, l’acquisition de nouvelles connaissances ou de nouveaux savoir-faire est suffisante en soi. Mais d’autres apprenants ont besoin de comprendre dans quel contexte ils vont pouvoir réutiliser les nouveaux apprentissages.
En formation, il faut donc donner des exemples d’application et aider les apprenants à se projeter dans un contexte professionnel.
Principe n°3 : attention, la question des « efforts » doit être manipulée avec de longues pincettes
Pour vous, faire un effort, c’est quelque chose de positif ou négatif ?
Imaginez d’abord un sportif, en train de s’entraîner. Il souffle, il transpire, il repousse ses limites. Petit à petit, il va s’améliorer, il sait qu’il va progresser, que ses efforts vont payer.
Imaginez maintenant un bulletin scolaire. Sur ce bulletin figure la phrase suivante : « doit faire des efforts ». À votre avis, est-ce le ressenti va être le même que celui du sportif qui s’entraîne ?
Faire un effort sous un angle positif, c’est persévérer, s’accrocher, pour réussir à progresser. C’est essayer quelque chose de nouveau, qui demande de l’énergie, mais qui au bout apportera quelque chose de bénéfique.
Faire un effort sous un angle négatif, c’est devoir faire attention à ce que l’on fait pour éviter de déplaire, c’est marcher sur des œufs, subir notre effort. C’est parfois, aussi, sentir que l’on n’est « pas assez bien » en tant qu’être humain.
Selon notre vécu, notre passé, la notion d’effort aura une certaine connotation. Il est donc important, en formation, de préciser de quel type d’effort on parle, pour éviter de provoquer des blocages.
Principe n°4 : il faut remettre le bon sens au centre de la pédagogie
la formation est quelque chose qui se vit sur le terrain. En effet, on peut être incollable sur les grands courants historiques de la pédagogie, connaître trente jeux pédagogiques différents et connaître des méthodes infaillibles pour faire des supports de cours percutants, et pourtant se retrouver perdu lorsque l’on se retrouve devant un groupe.
Au-delà des théories de l’apprentissage, un formateur a tout intérêt à être capable de s’adapter, d’improviser, gérer les potentiels conflits avec les apprenants, etc.
Pour développer ces points, la pratique et l’échange avec les pairs restent les points les plus efficaces.
Principe n°5 : les « croyances limitantes » empêchent tout le reste de fonctionner correctement
Notre cerveau a tendance à renforcer ce qu’il pense être la vérité, quitte à la distordre. Si on pense que l’on ne peut pas arriver à faire quelque chose, notre cerveau va mieux retenir les échecs que les réussites.
Dans ce contexte, cela limite, bride nos capacités.
Pour l’accelerative learning, il est donc important d’aider les apprenants à déconstruire ces croyances. On peut par exemple dire à chaque groupe, au moment où l’on expose les règles de vie, que l’on est persuadé que tout le monde a ce qu’il faut pour réussir. On peut également reprendre les apprenants qui disent « je n’y arrive pas » en leur proposant de rajouter un mot magique : « je n’y arrive pas encore« .
Principe n°6 : quand on va apprendre quelque chose, on ne laisse pas notre personnalité à l’extérieur de la salle
Imaginez vous en train de suivre une formation sur un sujet qui vous intéresse, puis imaginez vous en train de suivre une formation sur un sujet qui ne vous plaît pas. Imaginez enfin que vous alliez en formation la tête lourde de soucis. Est-ce que cela va changer votre comportement ?
Pour l’accelerative learning, chaque individu a des qualités, des choses qui l’intéressent, des manières d’interagir avec le monde qui lui sont propres. Il a une vie en dehors de la formation. Parfois, il a des soucis qui accaparent toute son attention.
En tant que formateur, c’est quelque chose dont il faut être conscient, car nous n’échappons jamais complètement à ce phénomène. Cela peut permettre de comprendre la distraction des uns, le fort intérêt des autres.
N’oublions pas qu’un formateur est centré avant tout sur les apprenants.
Principe n°7 : le Q.I. c’est de l’arnaque !
Actuellement, la notion d’intelligence reste floue : il n’y a pas de définition figée, ni définitive.
Dans ce contexte, le Q.I. ne peut donc pas être un indicateur absolu de l’intelligence. De plus, le Q.I. d’un individu n’est pas immuable : il dépend entre autres de son état de santé. Pour peu que l’on soit familiarisé au type de questions qui sont posées dans les questionnaires d’évaluation du Q.I., on a la possibilité de s’entraîner et ainsi améliorer son score.
En tant que formateur, il faut donc déconstruire la croyance indiquant qu’un Q.I. moyen ou mauvais est un signe de ressources insuffisantes, et encourager les apprenants à faire de leur mieux en toute circonstances
Principe n°8 : le « rendement » d’un apprentissage est souvent comparable à celui d’un bon jeu vidéo
Ce principe de l’accelerative learning repose sur l’état attentionnel dans lequel on est plongé lorsque l’on jeu à un bon jeu vidéo : on est à la fois détendu, car en train de passer un bon moment, et concentré pour pouvoir progresser dans le jeu.
Idéalement, une formation devrait plonger les apprenants dans ce même état d’esprit, appelé flow.
Si cette thématique vous intéresse, vous pourrez retrouver un article qui en parle en cliquant ici.
Principe n°9 : merci les neurosciences
Les neurosciences donnent chaque jour de nouvelles informations précieuses sur le fonctionnement du cerveau, sur ses capacités d’apprentissage. Cela permet aux formateurs d’améliorer leurs formations.
Si le sujet vous intéresse, je cous recommande le livre Neurolearning de Nadia Medjad, Philippe Gil et Philippe Lacroix. Vous pouvez également consulter les articles précédents de ce site :
- Neurolearning, 4 filtres et 7 principes
- 10 neuromythes à pourfendre
- 5 clés pour doper le duo sensations-émotions
- Trouver le bon niveau de pression pour faciliter l’attention
- 10 critères d’efficacité du critère informel
- Faciliter la mémorisation partie 1
- Faciliter la mémorisation partie 2
- Renforcer sa résistance attentionnelle
- Découvrir le mode focus et le mode diffus
- Stimuler la créativité
Principe n°10 : apprendre, c’est pour tout le monde…
Que nous en ayons conscience ou non, nous apprenons tous, tout le temps, toute notre vie. On apprend de nouveaux chemins pour aller d’un point A à un point B, on découvre des nouvelles recettes, on écoute les informations, etc.
Tout le monde est donc déjà capable d’apprendre de nouvelles compétences s’il le désire.
Dans ce contexte, le formateur doit permettre à l’apprenant d’être dans un climat favorable pour apprendre (bienveillance, non jugement, droit à l’erreur, etc.)
Principe n°11 : …mais « tout le monde est différent »
Tout le monde peut apprendre, oui. Cependant, la manière de le faire peut varier d’un individu à l’autre.
Certains auront besoin de beaucoup d’informations, de détails. D’autres auront d’abord besoin de se faire une image globale.
Certains auront besoin de calme, d’être isolés. D’autres auront besoin d’échanger avec les autres apprenants. D’autres encore auront besoin d’expérimenter.
Chaque personne appréhende l’apprentissage d’une façon différente, a ses préférences.
Pour augmenter ses chances de faire passer les apprentissages, le formateur devra donc, dans la mesure du possible, tenir compte des différents styles préférentiels existants lors de ses animations.
Pour finir : l’infographie
Nous venons de balayer 11 principes de l’accelerative learning.
Certains de ces principes visent à motiver les apprenants en boostant leur confiance en eux-mêmes. D’autres sont là pour nous inciter à faire preuve de bon sens en situation de formation, et à nous centrer sur les apprenants dans leur globalité.
Ces principes permettent d’enrichir notre savoir-faire de formateur et d’améliorer nos formations. Ils sont autant d’outils supplémentaires à utiliser pour faciliter les apprentissages.
Je vous laisse avec l’infographie de la semaine, et je vous retrouve la semaine prochaine pour parler des objectifs à atteindre lorsqu’on anime une session de formation.